Maladies Cardiovasculaires et COVID 19

Le même combat : prévenir et guérir !

Les maladies cardiovasculaires entrainent le décès de 500 personnes par jour dans l’hexagone ; le covid-19 tue en pleine phase épidémique le même nombre de personnes voire plus chaque jour. Même si les maladies cardiovasculaires parfois foudroient une personne jeune sans facteur de risque apparent, elles surviennent essentiellement chez des personnes plus âgées et/ou cumulant les facteurs de risque bien connus : en premier surcharge pondérale, diabète, hypertension artérielle, sédentarité, inactivité physique, tabagisme avec ses conséquences cardiaques et respiratoires, exposition aux particules fines. Il est remarquable que les formes les plus graves du covid-19 s’attaquent exactement à la même population. Maladies cardiovasculaires  comme COVID 19 débutent brutalement (infarctus du myocarde, attaque cérébrale, pneumonie). Les traitements proposés alors en urgence ne guérissent pas la cause (la maladie athéromateuse d’un côté, l’éradication du virus de l’autre), mais tentent de limiter les conséquences parfois mortelles de la maladie (désobstruction en urgence d’une artère coronaire ou cérébrale, défibrillateurs cardiaques, ventilation par respirateurs de l’asphyxie induite par l’atteinte pulmonaire du virus). Dans l’attente d’un vaccin pour  fin 2020 ou 2021 on espère tous qu’un traitement « antiviral » soit rapidement disponible pour au moins diminuer la gravité de la maladie.

Notre premier message est d’adresser un vibrant hommage à tout le personnel soignant, en première ligne qui, de l’aide-soignante de l’EHPAD, l’infirmière à domicile au professionnel de réanimation prennent des risques sur leur vie pour sauver des vies.

Le deuxième message est que le temps des polémiques n’est pas venu.

Il faudra au détours de la crise faire un retour d’expérience pour ne pas récidiver certaines erreurs, mais je suis blessé par la légèreté de certaines critiques qui fleurissent sur les réseaux sociaux : « il fallait annuler les élections municipales du 15 Mars la veille du scrutin », oubliant  que les multiples réunions électorales , petites et grandes, des semaines précédentes ont certainement contaminé plus de personnes que le jour du scrutin pendant lequel beaucoup ont expérimenté pour la première fois les gestes barrière.  Nos élus ont d’ailleurs  payé un lourd tribut. Sans oublier différents rassemblements comme le Salon de l’Agriculture du 22 au 29 Février, ou la réunion œcuménique de Mulhouse du 17 au 24 Février qui a elle seule a contaminé directement plusieurs centaines de personnes qui ont ensuite disséminé le virus. Ce n’est pas un hasard si le grand Est et la région Ile de France ont été les plus touchés au départ de l’épidémie. Fallait- il dès cette période, donc vers le 15 Février, prendre des mesures de confinement ?  L’analyse après la crise jugera, mais  le  curseur entre principe de précaution et libertés individuelles est certainement difficile à placer.  Souvenez-vous de certaines réactions lors de la décision de fermeture des stations de ski le 15 Mars : certains se sont offusqués, feignant de croire que ce n’est pas sur un télésiège ou avec des raquettes à neige que l’on risque d’attraper le virus, en oubliant que la promiscuité obligatoire le soir, du refuge de montagne au dancing de l’hôtel, exposait grandement au risque. Cela a bien été démontré dans certaines stations autrichiennes où un simple serveur a pu contaminer des dizaines de personnes. Qu’aurait- on dit si la décision de fermeture des stations avait été prise 15 jours plus tôt ?

Il faudra aussi analyser comment la France, bien armée en masques après les mesures prises suite à l’épidémie de grippe aviaire de 2006, puis l’épidémie H1N1 en 2010,  s’est retrouvée dépourvue en 2020 ; ainsi le stock de masques FFP2, les plus adaptés pour la protection de nos soignants,  était passé de 600 Millions d’unités  à… zéro.  Que n’a-t-on critiqué en 2010 la ministre de la santé de l’époque pour gabegie, commission parlementaire à l’appui !

Le troisième message est pour le Covid-19 comme pour les maladies cardiovasculaires qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

Pour prévenir les covid-19 seuls les « mesures barrière » sont efficaces. Elles sont rappelées par ailleurs sur le site de la FFC-Alpes. La période de confinement pourra paraître longue à beaucoup, mais il ne faudra pas relâcher notre effort, surtout lorsque les premiers signes de décrue de la maladie dans nos services de réanimation vont apparaître. La sortie du confinement sera une étape difficile à gérer pour nos autorités.

Concernant la prévention des maladies cardiovasculaires la crise sanitaire nous a contraint au sein de nos clubs d’arrêter les séances de groupe d’activité physique, et d’annuler tous les Parcours du Cœur, scolaires, grand public et entreprises, que vous aviez contribué à préparer, à Annecy, Bièvre Isère, Charvieu-Chavagneux, Evian, Gap, Genevois, Grenoble, Montbonnot, Rumilly, Sallanches et ailleurs. Il ne faut pas oublier qu’une fois la crise sanitaire actuelle derrière nous les maladies cardiovasculaires continueront jour après jour leur œuvre mortifère, dont nous savons, au sein de nos clubs réduire la fréquence en luttant contre les facteurs de risque cardiovasculaire, en particulier sédentarité inactivité et mauvaise diététique. Cette période de confinement de doit pas être un motif pour arrêter toute activité physique ! Une marche rapide jusqu’à une heure par jour permet parfaitement de prévenir les maladies cardiovasculaires et de garder le moral, surtout si une partie du trajet emprunte une montée ! Merci à nos moniteurs d’Activité Physique Adaptée d’avoir proposé en ligne  sur le site certains programmes  ludiques  d’activité à domicile pour nous aider  à repartir du bon pied.  Nous aurons besoin de vous tous à la reprise !

En attendant je souhaite à tous nos adhérents et salariés de passer sans encombre cette période difficile : protégez-vous !

Prof Jacques Machecourt président AC Alpes, Fédération Française de Cardiologie